Pour Eliphas Lévi "Osons dire qu'un loup-garou n'est autre chose que le corps sidéral d'un homme, dont le loup représente les instincts sauvages et sanguinaires, et qui, pendant que son fantôme se promène ainsi dans les campagnes, dort péniblement dans son lit et rêve qu'il est véritable loup... Les coups portés au loup-garou blessent réellement la personne endormie, par congestion odique et sympathique de la lumière astrale, par correspondance du corps immatériel avec le corps matériel."
Les loups-garous et les vampires ont des liens très étroits entre eux.
Je ne traiterai ici que des loups-garous, qui déjà à eux seuls, forment un sujet conséquent.
Des millions d'êtres humains pendant des siècles crurent aux vampires et aux loups-garous.
Les vampires eux-mêmes possèdent la capacité de se muter en loup.
Des milliers de récits, concordant parfaitement entre eux, des jugements, témoignages, dépositions, aveux (quoique faits sous la torture la plupart du temps).
Croyance populaire ou réalité ?
Réalité de la transformation ou hallucination ?
Tout cela appuyé par les démonologues et les grands hommes de l'époque.
Sprenger (Malleus Maleficarum), Bodin, Boguet (Discours des sorciers), Pierre de Lancre ont abondamment traité des loups-garous.
Bodin nous dit même qu'en 1542 on vit un matin 150 loups-garous sur une place de Constantinople.
On appelle communément loups-garous les hommes et les femmes qui ont été métamorphosés ou qui se métamorphosent en loup, ou qui se déguisent pour feindre cette mutation, s'imaginant être changés en loup ; ou qui comme la croyance populaire nous l'indique les personnes qui sous la contrainte d'un charme ou d'un envoûtement se retrouvent transmutés à la pleine lune.
Dans les idées des démonographes un loup-garou est un sorcier qui avec l'aide du Diable peut se muter en loup pour commettre certains forfaits.
Appelé également "lycanthrope", venant de "Lycaon" souverain d'Arcadie, qui servit à Zeus les membres d'enfants qu'il venait d'égorger et qu'il avait fait cuisiner.
En guise de punition Zeus le transforma en loup, condamné à parcourir la campagne tout en gardant ses facultés mentales d'homme.
Ou encore Nabuchodonosor muté en bœuf (bousanthropie), roi de Chaldée de 605 à 562 avant J.C pour avoir conquis le royaume de Jérusalem fut frappé par le Dieu d'Israël de cette "maladie".
Jacques d'Autun nous indique à son sujet : "il se croyait devenu bœuf... il marchait courbé, et se traînait à quatre pieds à la façon d'une bête [...] trempé de la rosée du ciel, jusqu'à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des oiseaux". (Daniel IV,33)
Il ne lui resta plus qu'à tourner la rage de son coeur et sa soif innée du carnage contre les troupeaux et les petits enfants.
En psychologie, certains malades se désignent comme loup, ont l'attitude de loup et peuvent même devenir dangereux pour eux-mêmes ou leur entourage.
Cette maladie s'appelle Lypémanie.
Il existe d'autres variantes, cynanthropie pour les hommes-chiens...
Tout comme il existe une maladie mentale ayant les mêmes caractéristiques que celles du "vampire" : besoin de sang (transfusions), grande allergie solaire...
D. Sennert, médecin du XVIIème dans Maladies Occultes, rapporte des faits d'où il résulterait que "l'habitude de certains maniaques endiablés de courir le loup-garou aurait de l'analogie avec la mystérieuse puissance qui transporterait au sabbat certaines personnes dont le corps resterait en syncope."
Pour Jean Wier, le premier à reconnaître la lycanthropie comme maladie, qui fut d'ailleurs menacé du bûcher pour cela, les malades sont "pâles, ayant les yeux enfoncés et la langue fort sèche".
"La phobie de la métamorphose", nous écrit Dr Borel, "les précipite dans la métamorphose". "A l'inverse des schizophrènes, les sujets possédés savent fort bien distinguer les espèces, au point qu'un dément en 1541 se fit retourner la peau par des chirurgiens inquiets de constater s'il avait effectivement des poils de loup retournés au dedans". R Villeneuve Loups-garous et vampires"
Le Diable avait la possibilité pour transformer le sorcier en loup d'user d'un nuage en forme de bête et d'enlacer si étroitement les membres du fantôme aux membres du sorcier, la tête à la tête, la gueule à la gueule, le ventre au ventre, les pieds aux pieds, les bras aux bras, qu'il arrivait à créer une illusion complète. Ce sont des traces de loup et non d'homme qu'il laisse sur son passage. Mais le nuage est très perméable et au moindre coup cède très facilement, de façon que le coup atteint directement le sorcier.
L'usage de plantes, graines ou racines peut lui aussi créer l'illusion de la métamorphose.
La plante miracle n'a pas été encore définie : "Cicéion, Népenthès, Datura..." Le mystère reste ici entier.
La Belladone procure par sa friction l'illusion de locomotion aérienne, par son ingestion celle d'une transformation animale.
L'Ellébore, l'Anis, le Laurier et les pétales de Roses sont les seuls remèdes à ces drogues.
Un homme ayant trouvé deux bouteilles, versa au creux de sa main un peu de la liqueur que l'une contenait. A mesure que le liquide s'étendait, des poils poussaient et sa main devenait patte de loup. Il se frotta avec le contenu de l'autre bouteille, et aussitôt sa main revint à son état naturel.
Le dédoublement ou la biloration :
Le sorcier dans le cas présent use de potion ou d'onguent pour parcourir les plaines sous forme spectrale de loup qui sont fournis par le Diable au moment du pacte, permettant même l'invisibilité.
Stanislas de Guaita dans le "Temple de Satan" nous dit :
"Dans les deux cas (vampirisme et lycanthropie) le spectre assassin court dans la campagne sous diverses formes d'animaux ; dans les deux cas il s'attaque aux êtres qu'il rencontre : la différence essentielle consiste en ceci précisément que le loup-garou, tandis que sa forme astrale vagabonde au-dehors, est un sorcier vivant qui sommeille dans son lit ; et que le vampire, au contraire est un sorcier mort qui végète dans sa tombe".
La prise de drogues peut entraîner l'illusion de mutation en loup-garou, la plupart analogique à celle qui nous fait aller au sabbat. Telle :
"Une femme accusée d'être loup-garou, fut jugée pour cette raison, le juge lui proposa en contre-partie de sa libération, qu'elle lui fournisse la preuve de ses mutations.
La jeune femme s'enduisit le corps d'un onguent et tomba aussitôt endormie. Elle ne se réveilla qu'au bout de trois heures. Elle raconta alors que changée en loup elle avait parcouru la campagne, avait éventré une brebis près d'un bourg qu'elle nomma..."
Que dire de cette femme qui raconta ainsi ses transformations ??
Juste qu'elle était sous le coup de cet onguent si particulier, tout serait simple si...
"... on y envoya aussitôt quelqu'un qui une fois revenu confirma les dires de la jeune femme !"
Immense problème se présentant ici. Comment tuer un loup-garou ?
Sachant que selon les avis le sorcier est ou n'est pas physiquement loup, la façon diffère. Certains donnent au lycanthrope une connotation invulnérable :
"Tout d'abord il est presque invulnérable, sa peau est à l'épreuve des balles, sauf si ces balles n'aient été bénites la nuit, dans une chapelle dédiée à Saint-Hubert. De plus il faut porter sur soi un trèfle à quatre feuilles.
En mourant le sorcier reprend forme humaine."
Boguet nous raconte qu'ils ne touchaient ni à la tête, ni au côté droit de leurs victimes, car la tête reçoit le saint Chrême et le signe de croix est fait de la main droite.
La chasse au loup-garou donnait lieu à d'immense battues auxquelles des villages entiers participaient. Sous la coupe des seigneurs s'assemblant avec "épieux, hallebardes, piques, arquebuses, bâtons pour chasser et poursuivre ledit loup-garou par tous lieux où ils pourraient le trouver et le prendre, le lier et l'occire, sans pouvoir encourir peine ou amende."
Les accusés de lycanthropie finissaient leur vie brûlés vifs en place publique comme tous autres sorciers.
