Les Chants De Maldoror



Isidor Ducasse, dit Lautréamont.
Né à Montevideo en 1846, mort en 1870 à Paris : les circonstances exactes de celle-ci ne furent jamais élucidées. .

Fils d'un chancelier du consulat de France de Montevideo, il commença ses études chez les jésuites, avant d'être envoyé en France pour préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique. Après plusieurs passages dans des villes telles que Tarbes ou Pau, il arrive à Paris en 1867.

Dès l'année suivante, il fait paraître à ses propres frais et sous anonymat le premier des six Chants de Maldoror. Il prend le pseudonyme de Comte de Lautréamont.

Les chants, au nombre de six, relatent le récit, les réflexions, la haine... d'un homme ; Maldoror.
Maldoror... personnage dérangé, en constant conflit avec son dieu, et lui-même, replié sur lui et ne se sortant pas de sa folie dérangeante.

Ce livre est le récit de la vie de cet homme, voulant lutter contre tous, les éléments, Dieu, ses semblables, lui-même.
Suite sans fin de scènes tristes, gores (même pour notre époque), interrogatives...

Mais laissons parler Maldoror...

Extraits du Chant Premier :

"J'ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions : la gloire.
En voyant ces spectacles, j'ai voulu rire comme les autres ; mais cela, étrange imitation, était impossible. J'ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres..."

Extraits du Chant Deuxième :

"Quelquefois il s'écriait : "je vous ai créés ; donc j'ai le droit de faire de vous ce que je veux. Vous ne m'avez rien fait, je ne dis pas le contraire. Je vous fais souffrir, et c'est pour mon plaisir". Et il reprenait son repas cruel, en remuant sa mâchoire inférieure, laquelle remuait sa barbe pleine de cervelle. O Lecteur, ne te fait-il pas venir l'eau à la bouche ? N'en mange pas qui veut d'une pareille cervelle, si bonne, toute fraîche, et qui vient d'être pêchée il n'y a qu'un quart d'heure dans le lac aux poissons (hommes)."


Extraits du Chant Quatrième :

"Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpres ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l'eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon ombellifère."

Extraits du Chant Sixième :

"O Maldoror, est-il arrivé le jour où tes abominables instincts verront s'éteindre le flambeau d'injustifiable orgueil qui les conduit à l'éternelle damnation !"